Comment évoquer un retour à Soi, aux sources, sans passer par la case retour à la terre ?
Tout dans nos sociétés de consommation frénétique et décousue, absolument tout exhorte à vivre – il serait plus opportun de parler de survie – dans l’effervescence à tous points de vue.
Or, même si « l’on ne manque de rien » en apparence, l’on manque cruellement, en vérité, de l’essentiel : la Paix de l’âme.
D’aussi loin qu’il m’en souvienne, je me suis très tôt demandé pourquoi l’on réservait l’expression « Paix à son âme » au défunt, au trépassé.
Ne serait-il envisageable de trouver cette paix de l’âme que depuis son catafalque ?
La vie, aussi mystérieuse qu’elle nous paraisse, ne peut-elle se concevoir que dans une frénésie affolante, une effervescence des corps que seul le trépas vient apaiser ?
Je ne peux, pour ma part, le concevoir.
La Paix sera de cette existence ou ne sera point.
Recherches, lectures, expériences m’ont amenée à comprendre qu’une partie non négligeable – elle-même mue par d’autres erreurs de programmation sous-jacentes – de notre incapacité de nous poser un instant est le fruit indirect des aliments que nous ingurgitons sans égard aux signaux de nos corps en souffrance (de la simple intolérance au véritable rejet).
C’est, donc, dans une quête approfondie – je ne saurais trop insister sur le caractère holistique de ma prise de conscience – que s’inscrit la nécessité de cultiver mon propre potager, de nourrir mon verger pour en récolter des fruits et légumes gorgés d’un sucre salvateur et de saveurs à redécouvrir, de tendre au maximum vers une forme d’auto-suffisance satisfaisante et apaisante.
J’ai été aidée dans cette dynamique par une enfance bercée entre jardin et animaux de basse-cour. C’est, dès lors, pour moi, davantage un retour à mes sources qu’une véritable découverte mais, mon Dieu, que ça fait du bien!!!
Vous trouverez dans cette catégorie, des articles illustrés sur les arbres que je plante, les potagers que je cultive… Puisque la Nature est extrêmement généreuse, je l’imite en offrant des paniers gourmands tant que faire se peut, une fois la jolie saison venue… L’Amour, ça se partage !
Je repense également au jardin de ma grand-mère, appartenant au… presbytère d’une charmante commune manchoise. En ce superbe lieu, agrémenté d’un minuscule plan d’eau sur la margelle duquel je partais quotidiennement voler de mes propres… mains avec Arsène Lupin, tout était délicieusement versicolore. Je n’y ai point caché d’amours naissantes, l’endroit ne présentant pas de cachette protectrice, et la jeune fille que mon coeur avait choisie ayant brutalement repoussé mes avances un tantinet hardies, il est vrai, de deux gifles bien senties.
Contrairement à J.Brel, je n’en conçus point de sotte misogynie. Restèrent alors, nonobstant, sur mes deux joues d’adolescent quelque peu boutonneux – tiens, au fait, c’est peut-être cela qui l’avait rebutée – deux magnifiques giroflées à cinq feuilles…
Suite et fin de mes premières mésaventures amoureuses : bien qu’à mes yeux la couple de claques reçues constituât déjà une expiation, je n’hésitai pas, feu mes parents m’ayant éduqué dans la plus stricte observance possible des commandements divins, en jeune chrétien zélé, de m’en ouvrir à mon oncle curé lors de la confession mensuelle. Bien mal m’en prit : à la pénitence – quelques Pater et Ave – s’ajouta l’avunculaire punition : deux autres gifles bien senties. Si mon oncle côtoyait quotidiennement le ciel, il revenait, quand il l’estimait nécessaire, sur terre…