L’habit ne fait pas le moine ! C’est l’adage qui trouve toute sa place en ébauche de cet article. En effet, l’ouvrage que je vous présente ici ne contient que 78 pages mais sa concision est inversement proportionnelle à l’impact, la puissance de ses lignes.
« Osez l’autonomie ! » m’est parvenu un jour d’été 2020, cadeau de l’une de mes sœurs, je n’en ai fait qu’une bouchée.
Plus actuelle que jamais, l’œuvre ouvre des perspectives lumineuses, relatant les riches expériences existentielles de l’auteur, Jean-Louis Étienne confie, ainsi, aux éditions Rustica ses pérégrinations et conseils en vue d’aller vers une autonomie aussi vaste que possible.
Ainsi, l’autonomie doit s’entendre, selon l’auteur, dans son sens le plus globalisant, le plus holistique et le moins fragmentaire possible: de l’autonomie alimentaire à l’autonomie réflexive, en passant par l’autonomie énergétique…
« La peur de manquer » qu’évoque Jean-Louis Étienne, pouvant se manifester en début de processus d’autonomisation constitue potentiellement un frein pour d’aucuns.
Je l’avais brièvement, ressentie en début de remise à l’heure de mes horloges, et pour la déjouer, j’ai redéfini mes besoins, les ai couchés concrètement sur papier, puis plus concrètement encore dans mon quotidien, réalisant ce faisant qu’ils n’étaient pas si étendus que je ne le croyais.
Il faut préciser qu’en parallèle à cette avancée vers la sobriété, j’apprenais expérimentalement les notions, restées trop longtemps dans la sphère théorique, de fonctionnement du système nerveux autonome, d’homéostasie, de conscient, d’inconscient et repérais aisément mes addictions, mes assuétudes, mes états de dépendance physique ou psychique et triais ainsi mes besoins originels de mes besoins créés.
Un petit pas après l’autre, au fil des jours, des semaines, des mois, semblent avoir un effet de levier au-delà duquel la confiance se cristallise et le retour aux schémas passés n’est plus envisageable.
Se découvrir, c’est trembler et avancer, au sens propre comme au figuré. On goûte alors des « instants d’éternité », bel oxymore s’il en est.
Quant à l’autonomie énergétique et dans les tâches du quotidien, elle m’a concernée également directement puisque le choix d’une maison de pierre entourée d’un jardin s’est imposé sans possibilité de discussion.
J’avais débuté en me retirant de la vie citadine. Pour moi qui suis née sur les terres montagneuses berbères, me retirer à la campagne a constitué un rêve de petite exilée. Or, à l’image de mon cheminement vers ma Nature et l’auto-suffisance, le retour à la campagne profonde est sans doute un peu radical depuis l’agitation de la ville. Un bon compromis fut alors la vie de village, à mi-chemin entre « l’urbs » et « le rus ». Un terrain humble se profile au sud de la demeure et m’offre d’observer des merveilles, parfois insoupçonnées, tant dans la faune que dans la flore.
D’emblée, ne posséder que très peu d’appareils électriques (du moins tant que je ne produis pas ma propre énergie électrique) s’impose. Je ne dispose aujourd’hui plus que d’une bouilloire, d’un cumulus et de quelques ampoules çà et là. Je ne suis donc pas de ces consommateurs énergivores qui en ont oublié qu’une vaisselle peut s’effectuer rapidement avec une éponge et un rien de sable (ou de savon pour ceux qui ne peuvent encore s’en passer).
Trop de confort tue le confort !
Par ailleurs, je me découvre des talents, des motivations galvanisantes, moi qui me croyais juste bonne à ingurgiter, comprendre et régurgiter les contenus kilométriques de syllabi universitaires. L’intello laisse alors place à la « bricolo » et voici que la récupération de vieux matériaux, le recyclage à tous points de vue (compostage des déchets organiques) constituent mon quotidien (je vous renvoie vers d’autres articles pointant ces divers aspects).
La solidarité de voisinage se met également en place sans se dire…
Culture potagère et culture générale finissent par se fondre et le tout retourne dans le tout.
Autre point primordial soulevé par Monsieur Étienne, celui de l’autonomie réflexive: Éteindre la lucarne, souvent propagandiste, qu’incarne la télévision, voilà un conseil judicieux que j’ai mis en application voilà plus de 6 ans… Penser, critiquer, remettre en perspective, en question, questionner, ne pas avaler tout cru ce qui nous tombe dans le bec, ne pas prêter le flanc à ce qui nous parvient de l’extérieur avec une ardeur non méritée…
A l’heure où l’on tente de nous imposer une pensée unique gagnée à coups de matraque, il est plus qu’évident que marquer clairement son avis, contre vents et marées, relève de l’acte de résistance… On a tout le loisir de l’observer aujourd’hui (en cette folle année 2020) où il devient mal aisé de discuter – sans encourir le courroux des uns et le dédain des autres – des décisions gouvernementales détachées de la réalité tangible tant sur le plan sanitaire que sur le plan des observations quotidiennes que chacun est à même d’effectuer…
Deux passages ont retenu mon attention tout particulièrement :
1 – Celui du délestage des biens que l’on cumule au gré des ans sans pouvoir vraiment analyser pour quelle raison le détachement en est si douloureux ;
Je me retrouve au printemps 2017 face à un grenier chargé à son comble (un comble pour des combles) de choses toutes moins utilisées les unes que les autres. Le ressenti est immédiatement celui de l’étouffement et du « par quoi commencer? ».
Une fois les mains dans le cambouis, d’autres types de difficultés se manifestent:
Chaque caisse me semble emplie d’objets de grande nécessité ou, à tout le moins, disposant d’une telle valeur à mes yeux que je ne puisse m’en défaire.
Quel type de tri puis-je prétendre faire si j’ai, à chaque tournant, l’impression d’avoir potentiellement besoin de tel souvenir ou telle décoration onéreuse ?
Comment procéder ?
J’ai trouvé.
Aussi vrai que le processus de retour à ma Nature est progressif, celui du délestage se fera en plusieurs étapes car je sais que de nombreux éléments de ce grenier ne partiront pas aujourd’hui.
Ce n’est qu’au terme de plusieurs journées que le vide commence à se faire dans ces pièces étroites. Elles sont encore remplies de cartons mais j’en suis heureuse car la plupart doivent être brûlés dans l’âtre principal de la maison (papier, carton, bois) et certains doivent partir au recyclage chez un voisin dont le gagne-pain est précisément de recycler les « mitrailles ». Quant aux cartons résiduels, certains feront l’objet de don car ils contiennent des objets très jolis et mille fois enviés par des personnes que je chéris (sœurs, amis…), les autres seront conservés momentanément, le temps de les passer au tamis de mes émotions, de mes attachements et d’en ritualiser le détachement.
Aussi étrange que cela puisse paraître, je tiens à dire « adieu » à ces objets qui ont, d’une façon ou d’une autre, emporté ma préférence (cadeau, création, achat, récupération…). Je tiens, avant de me défaire de leur matérialité à remercier l’énergie et l’utilité qu’ils ont apportées dans ma vie même si je n’en ai plus vraiment usage depuis des mois, des années.
Si je vous dis que depuis 2017, je suis encore occupée (plus rarement, certes ! ) à trier, donner, vendre et envoyer au recyclage, vous pouvez me croire. C’est véritablement un processus ! Je réalise que ce dont j’avais eu, de prime abord, du mal à me séparer part aujourd’hui avec IMMENSE PLAISIR : mon PLAISIR décuplé par celui que je peux lire dans les yeux brillants des bénéficiaires de ces objets valeureux, objets que je finis par ne plus voir tant mon cheminement m’emmène à mille lieues de toute accumulation abusive de biens matériels.
2 – Celui de la dévotion à ses rêves surpassant toute considération matérielle, toute conjoncture…: c’est aujourd’hui mon quotidien:
– écrire dans la connexion et le calme que les pierres de la maison offrent, alchimiser, partager, laisser à la postérité les lignes de mes découvertes, de mes pensées, de mes introspections, de mes schémas erronés en cours de correction, les lignes de mes passions, de mes réalisations;
– lire toute œuvre (rédactionnelle, vidéo…) qu’il me plaît de parcourir et susceptible d’amener un supplément à mon âme sans l’alourdir;
– me perdre dans les dédales de jardins (le mien ou d’autres) au plus près de ce qui me ressemble;
– voyager et perdre toute notion du temps à travers toutes contrées et non plus seulement subir les affres du décalage horaire…
Vous aurez remarqué qu’une démarche holistique de reprise de pouvoir et de connexion s’inscrit bien moins dans l’acquisition que dans le délestage des couches occultantes de comportements conditionnés acquis sans en avoir l’air mais dont on a bien appris la chanson. « Less is more », je puis aujourd’hui certifier que le fondement de cette maxime n’est pas bancal… Je n’ai jamais autant gagné en légèreté, en puissance, en compréhension, en lumière, en cohérence, en liberté que depuis que je me déleste…
Si d’aventure vous titillait l’envie d’oser l’autonomie mais qu’aucune idée ne vous venait quant aux étapes ni à l’état d’esprit dans lequel verser pour débuter, je vous conseillerais vivement ce petit bijou livresque offrant suffisamment d’informations globales pour rallumer votre lanterne divine d’autonomie sans pour autant vous perdre dans les détails et dédales pratico-pratiques extrêmement variables d’une expérience à l’autre.
Quel Bonheur serait-ce de pouvoir obtenir une entrevue avec cet être tellement humble et qui, pourtant, pourrait se permettre de voler ou d’à peine frôler le sol qui le porte avec Joie !
Bonne lecture à tous et plein de Lumière dans vos cœurs.
Lynda
Quel inspirant article. Toujours un bonheur de vous lire Chrysalynd car vos mots résonnent à chaque fois en moi tels des appels de vérité et de découverte de soi. Cela m’a donné envie lire le livre.